Auteur(s) :

Alexis Armélien GASISOU.

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Résumé :

Dans un contexte africain marqué par la montée des tensions communautaires et les fragilités des États-nations, les dynamiques identitaires locales prennent une dimension stratégique croissante. La vallée du Logone, zone transfrontalière entre le Cameroun et le Tchad, illustre de manière aiguë la manière dont les fragmentations identitaires interfèrent avec les processus de gouvernance locale. Depuis l’instauration de la décentralisation au Cameroun en 1996, cette région, historiquement caractérisée par une diversité ethnique (Mousgoum, Massa, Toupouri, Arabes Choa, etc.), est devenue le théâtre de rivalités accrues autour du contrôle politique, de la gestion foncière et de l’accès aux ressources publiques. L’objectif de cette recherche est d’analyser comment ces fragmentations identitaires affectent la gouvernance locale dans la vallée du Logone et d’évaluer leurs implications sécuritaires à moyen et long terme. La problématique centrale de cette étude interroge les liens entre la territorialisation du pouvoir local, la résurgence des identités communautaires, et la montée de la conflictualité dans un espace frontalier fragile. Cette réflexion repose sur une méthodologie qualitative, combinant une revue historique et documentaire (1996-2024), des entretiens semi-directifs avec des acteurs locaux (élus, chefs traditionnels, leaders communautaires), ainsi que l’analyse d’incidents de conflits recensés par des ONG locales et institutions de sécurité. Les résultats de cette étude révèlent que la gouvernance locale, loin de pacifier les relations intercommunautaires, a parfois servi de catalyseur aux revendications identitaires. Les dispositifs de décentralisation, mal adaptés aux réalités socio-historiques locales, ont été instrumentalisés dans des logiques de clientélisme, de repli ethnique et d'exclusion. Ces dynamiques fragilisent la stabilité régionale et accentuent les vulnérabilités sécuritaires, dans un environnement déjà sous pression climatique et migratoire. Cet article plaide pour une reconfiguration des cadres de gouvernance inclusive, intégrant la gestion des identités et la prévention des conflits comme priorités stratégiques.

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